L'amour : Le Vedanta et la psychanalyse non-dualiste
- Isabelle Bidaut
- il y a 3 jours
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Côté Vedanta
• L’amour relatif : Ce que nous appelons « amour » dans le monde phénoménal est souvent confondu avec l’attachement, le désir, la projection de nos manques. C’est un amour conditionné, dépendant d’un objet ou d’une personne. Le Vedanta dirait que c’est une croyance : « nous avons cru que c’était l’amour ».
• L’Amour véritable (Prema, Ananda) : Dans la vision advaitine, l’amour n’est pas quelque chose qui se reçoit ou se perd, mais la nature même du Soi. L’amour est Sat-Chit-Ananda, l’être-conscience-félicité qui ne dépend de rien.
• L’illusion (Maya) : Croire à l’amour comme possession, comme fusion avec un autre, c’est être pris dans Maya. Le travail est de démasquer l’illusion pour reconnaître que l’Amour n’est pas un sentiment fluctuant, mais l’essence de ce que nous sommes.
En ce sens, « nous avons cru à l’amour » pointe une désillusion féconde : l’éveil qui vient après avoir projeté, perdu, souffert, et réalisé que l’amour véritable n’a jamais été ailleurs qu’en nous.
Côté psychanalyse non-dualiste
• Le leurre du manque : Psychiquement, nous investissons l’amour comme réparation de blessures précoces (manque de reconnaissance, d’accueil, de sécurité). Nous croyons que l’autre viendra combler le vide.
• Le transfert : L’amour est souvent le lieu où se rejoue la scène originaire – les attentes inconscientes adressées au parent, déplacées sur le partenaire. La croyance à l’amour peut être comprise comme une croyance au retour de la complétude perdue.
• La désillusion comme passage : La non-dualité psychanalytique invite à traverser cette désillusion non pas comme un échec, mais comme une ouverture : l’autre n’a pas à combler ce qui ne peut pas l’être. Le vide peut être reconnu comme espace, comme ouverture à l’Être, non comme manque.
• L’amour non-duel : Ce n’est plus l’amour-objet, mais une disponibilité à la rencontre, sans attente de complétude. Ce qui reste, c’est une forme de présence, de compassion, de reconnaissance mutuelle, mais non plus la croyance qu’un autre va nous sauver.
En reliant les deux :
« Nous avons cru à l’amour » peut être entendu comme un passage initiatique.
• Au début, nous avons cru à l’amour comme fusion, possession, idéal.
• Puis vient la désillusion, parfois douloureuse, où l’amour chute de son piédestal.
• Mais cette chute ouvre la porte à une autre compréhension : l’amour est notre nature (Vedanta), et la rencontre avec l’autre n’est plus une quête de comblement, mais un espace de croissance et de reconnaissance (psychanalyse non-dualiste).
Isabelle Bidaut - Psychanalyse - Le Divan Indien Brive-la-Gaillarde (19) et Génis (24)
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